Menu
Nouveau
Comptabilité & obligations
Business plan restaurant : étude de marché, prévisionnel financier, plan de trésorerie, erreurs à éviter. Le guide complet pour ouvrir votre restaurant avec un dossier solide qui convainc les banques.

Ouvrir un restaurant, c'est le rêve de beaucoup. Partager sa passion de la cuisine, créer une ambiance, accueillir des clients, voir les assiettes revenir vides. Sur les réseaux sociaux, ça a l'air romantique et créatif.
Dans la vraie vie, c'est un des projets entrepreneuriaux les plus risqués. 50% des restaurants ferment dans les 3 premières années. Pas parce que la cuisine n'était pas bonne. Parce que le business plan était mauvais, la trésorerie sous-dimensionnée, ou l'emplacement mal choisi.
Un restaurant, c'est avant tout une entreprise. Avec des marges serrées (3 à 8% de marge nette en moyenne), des charges fixes énormes (loyer, personnel, énergie), et une complexité opérationnelle élevée (achats quotidiens, gestion des stocks, respect des normes sanitaires).
Un bon business plan, ce n'est pas un exercice théorique pour rassurer la banque. C'est votre feuille de route, l'outil qui vous permet de vérifier que votre projet peut être rentable avant d'investir votre épargne et les 18 prochains mois de votre vie.
Voici tout ce qu'il faut savoir pour construire un business plan de restaurant réaliste, complet et convaincant.
Un restaurant qui dégage 5 à 7% de marge nette, c'est déjà bien. Sur 500 000 € de CA, ça fait 25 000 à 35 000 € de résultat net. Avant de vous rémunérer et de rembourser vos emprunts.
Cette faiblesse des marges signifie qu'une erreur de prévision de 10% sur le CA ou les charges peut transformer un restaurant rentable en restaurant déficitaire.
Loyer, personnel, énergie, assurances... Les charges fixes d'un restaurant tournent facilement autour de 30 000 à 50 000 € par mois pour une structure moyenne. Avant même de servir le premier client.
Si vous n'atteignez pas rapidement un CA suffisant pour couvrir ces charges, vous coulez.
Dans la plupart des villes, il y a déjà trop de restaurants. Chaque année, des centaines ouvrent. Chaque année, des centaines ferment. Si vous n'avez pas un positionnement clair, un concept différenciant, et un emplacement adapté, vous serez noyé dans la masse.
Normes d'hygiène (HACCP), licences (licence restaurant, licence IV pour l'alcool), accessibilité PMR, sécurité incendie, affichage des prix et des allergènes... Un oubli peut vous coûter une fermeture administrative ou une amende de plusieurs milliers d'euros.
Le business plan vous force à anticiper tout ça avant d'ouvrir.
Un business plan complet fait entre 25 et 50 pages. Il se structure en 7 grandes parties.
C'est la première chose que le banquier va lire. Si ce n'est pas clair et convaincant, il ne lira pas la suite.
Le résumé exécutif doit contenir :
Le concept du restaurant : Type de cuisine (française, italienne, asiatique, fusion), positionnement (bistronomique, gastronomique, fast-casual, street food), ambiance, proposition de valeur unique.
Exemple : "Restaurant italien traditionnel avec pâtes fraîches faites maison et produits importés directement d'Italie. Positionnement milieu de gamme (ticket moyen 25 €), ambiance familiale et chaleureuse. Zone : centre-ville de Lyon 6ème."
La proposition de valeur : Pourquoi les clients viendraient chez vous plutôt qu'ailleurs ? Qualité des produits ? Prix ? Rapidité ? Ambiance ? Service ? Concept original ?
Les objectifs financiers : CA prévisionnel année 1, année 2, année 3. Seuil de rentabilité. Marge nette attendue.
Le financement recherché : Combien vous avez besoin d'emprunter, pour quoi faire, comment vous allez rembourser.
L'équipe : Qui êtes-vous, quelle est votre expérience en restauration (ou comment vous allez compenser si vous n'en avez pas), qui est le chef, qui gère la salle.
C'est la partie la plus importante du business plan. Elle démontre qu'il y a un marché pour votre restaurant et que vous avez une place à prendre.
En restauration, l'emplacement, c'est 50% du succès. Un excellent restaurant mal situé fera moins de CA qu'un restaurant moyen bien situé.
Ce qu'il faut analyser :
Le flux de passage : Combien de personnes passent devant votre local chaque jour ? Y a-t-il un flux naturel (proximité de bureaux, de commerces, d'une station de métro, d'un cinéma) ? Ou est-ce une rue résidentielle calme ?
Un restaurant en centre-ville avec 5 000 passages par jour a un potentiel de clientèle de passage énorme. Un restaurant dans une rue résidentielle doit miser uniquement sur les habitants du quartier et les clients qui viennent exprès (donc avec une notoriété à construire).
Le profil de la zone : Quartier d'affaires (déjeuners en semaine, vide le soir et le week-end) ? Quartier résidentiel (dîners et week-ends) ? Zone touristique (forte saisonnalité) ? Quartier étudiant (tickets moyens bas, gros volumes) ?
Votre concept doit être adapté au profil de la zone. Ouvrir un restaurant gastronomique à 50 € le menu dans un quartier étudiant, c'est se tromper de cible.
La visibilité et l'accessibilité : Le local est-il visible de loin ? Y a-t-il un parking à proximité ? Est-il accessible en transports en commun ? Ces détails comptent énormément.
Listez tous les restaurants dans un rayon de 500 mètres (1 km en zone rurale ou peu dense).
Pour chacun, analysez :
Cette analyse vous permet de trouver un positionnement différenciant. Si tous les restaurants du quartier font de la cuisine française traditionnelle, il y a peut-être de la place pour un restaurant italien ou asiatique. Si le quartier est saturé de fast-foods, un restaurant avec service à table peut se démarquer.
L'erreur classique : Se dire "il y a déjà 8 restaurants italiens dans le quartier, donc il y a de la demande, je vais ouvrir le 9ème". Non. S'il y en a déjà 8, c'est que le marché est saturé. Vous allez devoir vous battre pour prendre des parts de marché aux autres, avec des moyens limités en tant que nouvel entrant.
Qui sont vos clients ? Quel âge, quel niveau de revenus, quelles habitudes de consommation, quels horaires de fréquentation, quelles attentes (rapidité, qualité, prix, service) ?
Un restaurant pour cadres le midi ne se gère pas comme un restaurant pour familles le week-end. Les produits, les prix, le service, les horaires ne sont pas les mêmes.
Exemple concret :
Cible : actifs 30-50 ans, zone de bureaux, déjeuner en semaine. Attentes : service rapide (entrée + plat en moins de 45 minutes), qualité correcte, ticket moyen 15-20 €, formules, possibilité de réserver. Horaires clés : 12h-14h en semaine. Vide le soir et le week-end. Conséquence : vous devez faire 80% de votre CA sur 10 heures par semaine (2h x 5 jours). Ça veut dire : grande capacité, service efficace, rotation rapide des tables, équipe nombreuse le midi, équipe réduite le reste du temps.
Cible : familles avec enfants, quartier résidentiel, week-end. Attentes : ambiance familiale, carte enfants, portions généreuses, prix raisonnables (ticket moyen 20-25 €), pas de pression sur le temps. Horaires clés : samedi et dimanche midi et soir. Calme en semaine. Conséquence : vous devez faire votre CA sur 8 services par semaine. Il faut une forte notoriété locale pour attirer suffisamment de monde sur ces créneaux.
Décrivez précisément votre restaurant. Pas juste "restaurant français", mais quel type, avec quelle ambiance, quel positionnement.
La carte : Combien de plats ? Quelle spécialisation ? Produits frais et locaux ? Fait maison ? Cuisine du monde ? Cuisine traditionnelle revisitée ?
L'erreur classique : une carte trop large. 15 entrées, 20 plats, 10 desserts. Résultat : gestion des stocks cauchemardesque, gaspillage énorme, qualité inégale, temps de préparation long.
Mieux vaut une carte courte (5 à 8 entrées, 8 à 12 plats, 5 desserts) avec des produits de saison qui tournent, et une vraie maîtrise de chaque plat.
Le positionnement prix : Ticket moyen visé (addition moyenne par client). Ce ticket moyen doit être cohérent avec votre zone, votre cible et votre concept.
Exemples :
L'ambiance et le décor : Moderne ? Rustique ? Industriel ? Cosy ? Familial ? Chic ? L'ambiance doit être cohérente avec le concept et le positionnement prix.
Comment allez-vous vous faire connaître et attirer des clients ?
La stratégie de communication :
Chiffrez le budget marketing : entre 5 000 et 15 000 € la première année pour un restaurant de taille moyenne.
Le programme de fidélisation : Carte de fidélité, newsletter, offres spéciales pour les habitués, parrainage.
Les partenariats fournisseurs : Avec qui travaillez-vous ? Producteurs locaux ? Grossistes ? Importateurs ? Privilégiez les circuits courts et les produits de qualité, c'est un argument de vente fort.
Comment allez-vous faire fonctionner le restaurant au quotidien ?
Superficie, agencement, nombre de couverts (places assises), cuisine, réserve, sanitaires. Décrivez le local idéal et expliquez comment vous allez l'aménager.
Budget d'aménagement réaliste :
Total aménagement : 90 000 à 260 000 € selon la taille, l'état du local et le niveau de standing.
Les équipements de cuisine obligatoires :
Les normes à respecter :
Un oubli sur ces normes peut entraîner une fermeture administrative ou une interdiction d'ouverture.
Combien de personnes pour faire tourner le restaurant ?
En cuisine :
En salle :
Exemple pour un restaurant de 40 couverts avec 2 services par jour :
Masse salariale mensuelle : environ 12 000 à 15 000 € charges comprises pour cette équipe.
Si vous ne pouvez pas vous permettre cette masse salariale, vous devez revoir la taille du restaurant ou travailler vous-même en cuisine ou en salle (ce qui limite votre temps de gestion et de développement).
Le statut juridique d'un restaurant conditionne votre fiscalité, vos charges sociales, votre protection patrimoniale.
Pour un restaurant solo : EURL ou SASU
L'EURL (SARL unipersonnelle) :
La SASU (SAS unipersonnelle) :
Pour un restaurant à plusieurs : SARL ou SAS
La SARL : cadre stable, répartition claire des pouvoirs, gérant majoritaire = TNS.
La SAS : plus de flexibilité statutaire, tous les dirigeants sont assimilés salariés, facilite l'entrée d'investisseurs.
Notre recommandation : Pour un restaurant de taille moyenne (CA prévisionnel 400 000 à 800 000 €), l'EURL ou la SARL sont les statuts les plus courants et les mieux adaptés.
C'est la partie la plus scrutée par les banques. Elle doit être réaliste, cohérente et détaillée.
Chiffrez tout ce dont vous avez besoin pour ouvrir :
Total investissement initial : entre 220 000 et 700 000 € selon la taille, l'emplacement et le standing du restaurant.
Exemple pour un restaurant de 40 couverts, ticket moyen 30 €, 2 services/jour, 6 jours/semaine :
Année 1 :
Charges d'exploitation :
Total charges : 294 000 €
Résultat net : 21 000 € (soit 4,7% de marge nette)
Sur ces 21 000 €, vous devez vous rémunérer et rembourser vos emprunts. Si vous avez emprunté 200 000 € sur 7 ans à 4%, vous remboursez environ 2 900 € par mois, soit 34 800 € par an.
Résultat : vous êtes en déficit de 13 800 € la première année.
C'est normal. Un restaurant met souvent 18 à 24 mois à atteindre son rythme de croisière. C'est pour ça qu'il faut absolument prévoir une trésorerie de départ suffisante.
Années 2 et 3 : Le CA augmente (taux de remplissage 70% puis 75%), les charges restent stables ou augmentent modérément, la marge nette s'améliore (6 à 8%).
À partir de quel CA mensuel vous ne perdez plus d'argent ?
Si vos charges fixes sont de 25 000 € par mois (loyer + salaires + énergie + assurances + divers) et que votre marge brute est de 70%, votre seuil de rentabilité est de 35 700 € de CA mensuel.
35 700 € par mois, avec un ticket moyen de 30 €, ça représente 1 190 couverts par mois, soit environ 40 couverts par jour (sur 30 jours).
Dans un restaurant de 40 places avec 2 services, ça représente un taux de remplissage de 50%. C'est atteignable dans un bon emplacement, beaucoup moins dans une zone peu passante.
Le plan de trésorerie, c'est l'outil qui vous sauve la vie les premiers mois.
Exemple simplifié :
Ce tableau montre que les 4 premiers mois, vous êtes en déficit de trésorerie. C'est pour ça qu'il faut absolument prévoir un matelas de 50 000 à 100 000 € avant d'ouvrir.
Sans cette trésorerie, vous êtes en découvert bancaire dès le mois 2, et vous passez votre temps à gérer la survie au lieu de construire votre clientèle.
Comment allez-vous financer votre investissement ?
Utilisation des fonds :
Un restaurant, c'est une des activités les plus réglementées qui existe.
Les licences obligatoires :
Les formations obligatoires :
Les normes à respecter :
Le bail commercial : Négociez bien les conditions (durée, loyer, charges, travaux, clause résolutoire). Un mauvais bail peut vous coincer pendant 9 ans.
C'est l'erreur numéro 1. Vous tombez amoureux d'un local sans analyser le flux de passage, la concurrence, le profil de la zone.
Résultat : vous ouvrez dans une rue sans passage, ou dans un quartier déjà saturé de restaurants, ou avec une cible qui ne correspond pas à votre concept.
La règle : Passez plusieurs jours à observer la zone à différents horaires avant de signer quoi que ce soit. Comptez les passages. Observez les restaurants concurrents. Parlez aux commerçants du quartier.
L'erreur classique : "Je vais faire 50 couverts par service avec un ticket moyen de 35 €, donc 1 750 € par service, donc 3 500 € par jour, donc 105 000 € par mois."
Dans la réalité :
Résultat : votre CA réel est 30 à 40% en dessous de vos prévisions. Si vos charges sont dimensionnées pour le CA optimiste, vous coulez.
La règle : Construisez votre prévisionnel sur des hypothèses conservatrices. Taux de remplissage 50 à 60% la première année (pas 80%). Ticket moyen réel (pas optimiste).
15 entrées, 25 plats, 12 desserts. Ça fait rêver sur le papier. Dans la cuisine, c'est l'enfer.
Conséquences :
La règle : Carte courte et maîtrisée. 5 à 8 entrées, 10 à 12 plats, 5 desserts. Produits de saison qui tournent. Spécialisation claire.
Vous recrutez à la dernière minute, vous prenez qui vous trouvez, vous ne formez pas, vous ne fidélisez pas.
Résultat : turn-over permanent, service médiocre, clients déçus, mauvais avis en ligne, chute de fréquentation.
La règle : Recrutez en avance. Formez votre équipe avant l'ouverture. Créez un bon climat de travail. Rémunérez correctement. Fidélisez vos talents.
Un bon serveur ou un bon chef, ça fait la différence entre un restaurant qui tourne et un restaurant qui ferme.
Vous ouvrez sans licence IV, ou sans avoir fait la formation hygiène, ou sans avoir mis votre extraction aux normes.
La DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations) ou la commission de sécurité débarque. Vous êtes en infraction. Fermeture administrative, amende, obligation de mise en conformité.
La règle : Vérifiez TOUTES les obligations réglementaires avant d'ouvrir. Licences, formations, normes, déclarations. Ne faites aucune impasse.
Vous investissez 300 000 € dans le local et l'équipement, mais vous ne gardez que 20 000 € de trésorerie.
Au bout de 3 mois, vous n'avez plus de cash pour payer les fournisseurs. Vous êtes coincé.
La règle : Sur un investissement total de 300 000 €, prévoyez au moins 60 000 à 80 000 € de trésorerie pure (20 à 25% du total). C'est votre airbag pour tenir les 6 premiers mois.
Un expert-comptable spécialisé en restauration fait toute la différence.
Il vous aide à :
Le coût d'un accompagnement pour la création (business plan + montage du dossier + formalités) : entre 3 000 et 6 000 €. C'est un investissement qui se rentabilise en évitant les erreurs coûteuses et en augmentant vos chances d'obtenir votre financement.
Il vous accompagne sur :
Un restaurateur qui pilote son activité avec son expert-comptable a beaucoup plus de chances de passer les 3 premières années qu'un restaurateur qui navigue à vue.
Ouvrir un restaurant, c'est un vrai projet entrepreneurial. Exigeant, risqué, chronophage. Ça demande de la préparation, de l'investissement, de la rigueur et de la résilience.
Les clés du succès :