Menu
Nouveau
Opérations & transformations
Business plan café : structure, prévisionnel financier, plan de trésorerie, investissement initial et seuil de rentabilité. Le guide complet pour ouvrir votre café avec les bons chiffres.

Ouvrir un café, c'est le projet de beaucoup de monde. L'ambiance chaleureuse, le contact avec les clients, la liberté d'être son propre patron. Sur Instagram, ça a l'air facile et romantique.
Dans la vraie vie, c'est un projet entrepreneurial exigeant, avec des marges serrées, des horaires lourds et un investissement de départ conséquent. Entre 40% et 60% des cafés ferment dans les 3 premières années. Pas parce que le café n'était pas bon. Parce que le business plan était mauvais.
Un bon business plan, ce n'est pas un document théorique pour faire plaisir à la banque. C'est votre feuille de route, l'outil qui vous permet de vérifier si votre projet tient debout financièrement. Sans business plan solide, vous naviguez à vue. Et en restauration, naviguer à vue, ça se termine souvent mal.
Voici tout ce qu'il faut savoir pour construire un business plan de café réaliste, complet et convaincant.
Le business plan sert trois objectifs principaux :
1. Vérifier la viabilité de votre projet
Avant de signer un bail, d'emprunter 100 000 € et de démissionner de votre CDI, vous devez savoir si votre projet peut être rentable. Le business plan vous force à poser tous les chiffres sur la table : combien ça coûte de démarrer, combien vous allez générer en CA, combien vous allez dépenser, et combien il va rester à la fin.
Si les chiffres ne tiennent pas la route, mieux vaut le savoir avant d'investir votre épargne et 18 mois de votre vie.
2. Convaincre les financeurs
Aucune banque ne vous prête de l'argent sans business plan. C'est le document qui prouve que vous avez réfléchi, que vous connaissez votre marché, que vous avez chiffré vos besoins et que vous savez comment vous allez rembourser.
Un business plan bien construit, c'est la différence entre un prêt accordé et un prêt refusé.
3. Piloter votre activité les premiers mois
Une fois que vous avez ouvert, le business plan devient votre tableau de bord. Vous comparez vos résultats réels avec vos prévisions. Si vous êtes en dessous, vous comprenez pourquoi et vous ajustez. Si vous êtes au-dessus, vous savez ce qui marche et vous amplifiez.
Sans prévisionnel, vous ne savez pas si vous êtes sur la bonne trajectoire ou si vous dérivez vers la faillite.
Un business plan complet fait entre 20 et 40 pages. Il se structure en 7 parties principales.
C'est la première chose que le banquier va lire. Si ce n'est pas clair et convaincant, il ne lira pas le reste.
Le résumé exécutif doit contenir :
Le concept du café : Qu'est-ce qui vous différencie ? Coffee shop spécialisé en cafés de spécialité ? Café traditionnel de quartier ? Café-librairie ? Café-coworking ? Votre positionnement doit être clair en deux phrases.
La proposition de valeur unique : Pourquoi les clients viendraient chez vous plutôt qu'ailleurs ? Qualité des produits ? Ambiance particulière ? Service rapide pour les actifs pressés ? Prix doux pour les étudiants ?
Les objectifs financiers : CA prévisionnel année 1, année 2, année 3. Seuil de rentabilité. Bénéfice net attendu.
Le financement recherché : Combien vous avez besoin d'emprunter, pour quoi faire, et comment vous allez rembourser.
L'équipe : Qui êtes-vous, quelle est votre expérience dans la restauration ou le commerce, pourquoi vous êtes légitimes pour porter ce projet.
Le résumé exécutif, c'est votre argumentaire de vente. Il doit donner envie de lire la suite et de vous rencontrer.
C'est ici que vous développez votre concept en détail.
Le concept détaillé :
Décrivez précisément ce que vous voulez faire. Pas juste "un café", mais quel type de café, avec quelle ambiance, quel style, quelle gamme de produits.
Exemples :
Plus votre concept est précis, plus il sera facile de le défendre et de le mettre en œuvre.
L'histoire et la motivation personnelle :
Pourquoi vous lancez-vous dans ce projet ? Quelle est votre expérience ? Qu'est-ce qui vous rend légitime ?
Si vous avez travaillé 10 ans dans la restauration, c'est un atout. Si vous n'avez aucune expérience, expliquez comment vous allez compenser (formation, embauche d'un gérant expérimenté, accompagnement par un consultant).
La structure juridique choisie :
SARL, EURL, SAS, SASU... Le choix du statut juridique a des conséquences fiscales et sociales importantes. Expliquez pourquoi vous avez choisi cette forme.
Pour un café solo : EURL ou SASU sont les formes les plus courantes. Pour un café à plusieurs associés : SARL ou SAS.
L'équipe :
Qui va gérer le café au quotidien ? Qui est en cuisine ? Qui gère la compta et l'administratif ? Si vous êtes seul au démarrage, précisez quand vous prévoyez de recruter et quels profils.
L'étude de marché démontre qu'il y a un marché pour votre café et que vous avez une place à prendre.
L'analyse de la zone de chalandise :
Décrivez le quartier où vous voulez vous installer. Combien d'habitants ? Quel profil socio-démographique (étudiants, actifs, familles, retraités) ? Quels flux de passage ? Y a-t-il des bureaux, des écoles, des commerces à proximité ?
Un café en centre-ville avec 10 000 passages par jour n'a pas le même potentiel qu'un café dans une rue résidentielle calme.
L'analyse de la concurrence :
Listez tous les cafés dans un rayon de 500 mètres. Pour chacun, analysez :
Cette analyse vous permet de trouver votre différenciation. Si tous les cafés du quartier sont des PMU vieillissants, il y a peut-être de la place pour un coffee shop moderne. Si le quartier est déjà saturé de coffee shops, mieux vaut chercher un autre emplacement ou un positionnement très différent.
Les tendances du secteur :
Le marché du café évolue. Café de spécialité, végétalisation de l'offre (laits végétaux, pâtisseries vegan), digitalisation (commande en ligne, click & collect), cafés hybrides (café-librairie, café-coworking, café-boutique).
Montrez que vous connaissez ces tendances et que votre concept en tient compte.
Le profil de votre clientèle cible :
Qui sont vos clients ? Quel âge, quel niveau de revenus, quelles habitudes de consommation, quels horaires de fréquentation ?
Un café pour étudiants ne se gère pas comme un café pour cadres. Les produits, les prix, les horaires, la communication ne sont pas les mêmes.
Comment allez-vous attirer et fidéliser vos clients ?
La stratégie de prix :
Listez vos produits et leurs prix. Comparez avec la concurrence. Justifiez votre positionnement prix.
Exemples :
Votre stratégie prix doit être cohérente avec votre positionnement. Si vous vous positionnez en haut de gamme, des prix trop bas ne sont pas crédibles. Si vous ciblez les étudiants, des prix trop élevés vous feront perdre votre cible.
Le plan de communication :
Comment allez-vous vous faire connaître ?
Chiffrez le budget marketing : combien vous allez dépenser en communication la première année ? Prévoyez entre 2 000 et 5 000 € pour démarrer correctement.
Les partenariats :
Avec qui allez-vous travailler ? Torréfacteur local ? Boulangerie artisanale pour les viennoiseries ? Producteurs locaux pour les jus de fruits ?
Ces partenariats renforcent votre crédibilité et votre identité.
Comment allez-vous faire fonctionner le café au quotidien ?
Le local :
Superficie, agencement, nombre de places assises, terrasse, cuisine, réserve. Décrivez le local idéal et expliquez comment vous allez l'aménager.
Prévoyez un budget d'aménagement réaliste : travaux, décoration, mobilier, signalétique. Pour un café de 40 à 60 m², comptez entre 30 000 et 80 000 € selon l'état du local et le niveau de finition souhaité.
Les équipements nécessaires :
Listez tout le matériel dont vous avez besoin et son coût :
Total équipement : entre 20 000 et 55 000 €.
Les fournisseurs :
Qui va vous fournir le café, le lait, les viennoiseries, les jus, les sodas ? Négociez les prix et les conditions de paiement avant d'ouvrir. Demandez plusieurs devis pour comparer.
L'organisation du personnel :
Combien de personnes pour faire tourner le café ? Vous seul au départ ? Vous + 1 serveur à mi-temps ? Vous + 2 serveurs en alternance ?
Listez les postes, les contrats (CDI, CDD, apprentissage), les salaires et les charges sociales.
Un serveur à temps plein coûte environ 2 000 à 2 500 € charges comprises. Si vous prévoyez 2 salariés dès le départ, ça fait 4 000 à 5 000 € de masse salariale mensuelle. C'est un poste de dépense énorme qui doit être calibré précisément par rapport à votre CA prévisionnel.
L'organigramme :
Qui fait quoi ? Qui est responsable de quoi ? Si vous êtes seul, vous êtes gérant, barista, serveur, plongeur et comptable. Si vous êtes plusieurs, répartissez les rôles clairement.
Le plan de recrutement :
Quand allez-vous recruter ? Quels profils ? Quelle formation allez-vous leur donner ?
Si vous n'avez aucune expérience en café, prévoyez une formation pour vous et votre équipe (école de barista, formations hygiène et sécurité alimentaire).
C'est la partie la plus importante du business plan. C'est celle que le banquier va décortiquer.
L'investissement initial :
Chiffrez tout ce dont vous avez besoin pour ouvrir :
Total investissement initial : entre 80 000 et 240 000 € selon votre projet et votre emplacement.
Un café en centre-ville de Paris coûtera beaucoup plus cher qu'un café dans une ville moyenne de province.
Le compte de résultat prévisionnel sur 3 ans :
C'est le document qui montre combien vous allez gagner (ou perdre) chaque année.
Il se présente ainsi :
Année 1 :
Total charges : 152 000 € Résultat net : 28 000 € (soit 15,5% de marge nette)
Sur ces 28 000 €, vous devez vous rémunérer et rembourser vos emprunts. Si vous avez emprunté 100 000 € sur 7 ans à 4%, vous remboursez environ 1 400 € par mois, soit 16 800 € par an. Il vous reste donc 11 200 € de bénéfice réel.
C'est serré. Et ça suppose que vous atteignez 180 000 € de CA dès la première année, ce qui est optimiste pour un café qui démarre.
Années 2 et 3 : Le CA augmente progressivement (croissance de 10 à 20% par an si tout va bien), les charges augmentent aussi mais moins vite, la marge nette s'améliore.
Le seuil de rentabilité :
À partir de quel CA mensuel vous ne perdez plus d'argent ?
Si vos charges fixes sont de 10 000 € par mois (loyer, salaires, énergie, assurances, amortissements) et que votre marge brute est de 70% (vous gardez 70% de votre CA après les achats de marchandises), votre seuil de rentabilité est de 14 300 € de CA mensuel.
En dessous, vous perdez de l'argent. Au-dessus, vous commencez à dégager un bénéfice.
14 300 € par mois, ça représente environ 475 € par jour (sur 30 jours d'ouverture). Si votre ticket moyen est de 5 €, ça fait 95 clients par jour. C'est réaliste dans un bon emplacement, beaucoup moins dans une zone peu passante.
Le plan de trésorerie mensuel (année 1) :
C'est le document le plus important pour ne pas couler dans les premiers mois.
Le plan de trésorerie, c'est la différence entre ce qui rentre (encaissements) et ce qui sort (décaissements) chaque mois.
Exemple simplifié :
Ce tableau montre que les 4 premiers mois, vous êtes en déficit de trésorerie. C'est normal : vous démarrez, vous n'avez pas encore votre rythme de croisière, vos charges sont pleines mais votre CA monte progressivement.
C'est pour ça qu'il faut absolument prévoir une trésorerie de départ suffisante (15 000 à 30 000 €) pour absorber ces premiers mois déficitaires.
Sans ce matelas, vous êtes en découvert bancaire dès le mois 2, et vous passez votre temps à gérer la survie au lieu de développer votre activité.
Le plan de financement :
Comment allez-vous financer votre investissement initial ?
Détaillez comment vous allez utiliser ces fonds :
Beaucoup de porteurs de projet se focalisent sur le CA et oublient de chiffrer précisément toutes les charges.
Les charges cachées qu'on oublie souvent :
Chiffrez tout, même les petites lignes. Elles s'accumulent.
L'erreur classique : "Je vais faire 50 clients par jour avec un panier moyen de 8 €, donc 400 € par jour, donc 12 000 € par mois, donc 144 000 € par an."
Sur le papier, ça a l'air facile. Dans la réalité, les 50 clients par jour ne viennent pas dès le premier mois. Il faut du temps pour construire sa clientèle.
Et tous les jours ne se valent pas. Le lundi matin, vous faites peut-être 30 clients. Le samedi après-midi, 80. En août, la moitié de votre quartier est en vacances. En janvier, il fait -5° et personne ne sort.
Soyez conservateur sur vos prévisions de CA. Mieux vaut prévoir 140 000 € et faire 160 000 € que prévoir 180 000 € et faire 140 000 €.
C'est l'erreur fatale. Vous investissez 120 000 € dans le local et l'équipement, mais vous ne gardez que 5 000 € de trésorerie. Au bout de 2 mois, vous n'avez plus de cash pour payer les fournisseurs. Vous êtes coincé.
La trésorerie de départ, c'est votre airbag. Prévoyez au moins 3 à 6 mois de charges courantes (hors amortissements) avant d'ouvrir.
Un café ne fait pas le même CA tous les mois de l'année. Juillet-août sont souvent en baisse (vacances, chaleur). Décembre est généralement bon (fêtes, froid, gens qui se retrouvent). Janvier-février sont plus calmes.
Intégrez cette saisonnalité dans votre plan de trésorerie pour ne pas être surpris par un mois creux.
Construire un business plan, c'est technique. Entre le compte de résultat, le plan de trésorerie, le seuil de rentabilité, les amortissements, la TVA, les charges sociales, il y a de quoi se perdre.
Un expert-comptable qui connaît la restauration vous aide à :
Le coût d'un accompagnement pour la création (business plan + montage du dossier + formalités) tourne autour de 2 000 à 4 000 €. C'est un investissement qui se rentabilise rapidement en évitant les erreurs coûteuses et en augmentant vos chances d'obtenir votre financement.
Ouvrir un café, c'est un vrai projet entrepreneurial. Ça demande de la préparation, de l'investissement, de la rigueur et de la patience.
Les clés du succès :
Ne vous lancez pas sur un coup de cœur. Prenez le temps de préparer, de chiffrer, d'anticiper. Un café bien préparé a toutes les chances de réussir. Un café improvisé a toutes les chances de fermer dans les 18 mois.
Chez HR Associés, on accompagne les créateurs de cafés et de restaurants de l'idée à l'ouverture : construction du business plan, choix du statut juridique, montage du dossier de financement, pilotage de la trésorerie. Pas pour faire de la compta, mais pour vous aider à construire un projet qui tient la route financièrement.