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Comptabilité & obligations
Guide complet sur la TVA en e-commerce : taux applicables, seuils, déclaration, ventes intra-européennes, guichet unique OSS et obligations des marketplaces. Conseils d'expert-comptable pour sécuriser votre activité.
La TVA en e-commerce, c'est un sujet qui donne des sueurs froides à beaucoup de vendeurs en ligne. Entre les taux différents selon les produits, les règles qui changent selon les pays, le fameux seuil des 10 000 € pour l'Europe et les obligations déclaratives, il y a de quoi s'y perdre.
Pourtant, mal gérer sa TVA peut coûter très cher : redressements fiscaux, pénalités, blocage de trésorerie. Voici tout ce qu'il faut savoir pour facturer, déclarer et payer sa TVA correctement quand on vend en ligne.
Si vous vendez des produits en ligne depuis la France à des clients français, vous êtes dans le cas le plus simple : vous devez facturer la TVA française à vos clients, sauf si vous bénéficiez d'une exonération.
Deux situations principales :
Vous êtes au régime micro (auto-entrepreneur) : Vous n'êtes pas redevable de la TVA tant que votre chiffre d'affaires reste sous le seuil de 85 800 € par an pour la vente de marchandises. C'est la franchise en base de TVA. Concrètement, vous ne facturez pas de TVA à vos clients (vos prix HT et TTC sont identiques), mais en contrepartie, vous ne pouvez pas déduire la TVA sur vos achats.
Sur vos factures, vous devez mentionner : "TVA non applicable, article 293 B du CGI".
Vous êtes au régime réel : Dès que vous dépassez 85 800 € de CA annuel, vous basculez automatiquement au régime réel. Vous devez alors facturer la TVA à vos clients et la reverser à l'État, mais vous pouvez déduire la TVA payée sur vos achats professionnels (marchandises, matériel, services).
Le taux normal de 20% : C'est celui qui s'applique dans la grande majorité des cas pour l'e-commerce. Vêtements, électronique, déco, cosmétiques, jouets... tout ce qui ne rentre pas dans les catégories de taux réduits est à 20%.
Le taux réduit de 5,5% : Il concerne des produits spécifiques :
Le taux intermédiaire de 10% : Il s'applique notamment à la restauration, certains travaux dans les logements, les transports de voyageurs, et quelques produits alimentaires non concernés par le 5,5%.
Petit piège : ce n'est pas parce que vous vendez de l'alimentaire que c'est automatiquement du 5,5%. Un chocolat de qualité ou une confiserie, c'est 20%. Il faut vérifier au cas par cas.
Sur votre site e-commerce, vous affichez généralement les prix TTC (toutes taxes comprises) aux particuliers. C'est une obligation légale en France pour la vente B2C.
Votre prix de vente se calcule ainsi :
Exemple : vous vendez un t-shirt acheté 10 € que vous voulez revendre avec 100% de marge.
C'est ce prix de 24 € que vous affichez sur votre site.
La fréquence de déclaration dépend de votre chiffre d'affaires :
Régime réel simplifié (CA entre 85 800 € et 818 000 €) :
Régime réel normal (CA supérieur à 818 000 €) :
Pour les petites structures au réel simplifié avec moins de 4 000 € de TVA annuelle, la déclaration peut être trimestrielle.
Tout se fait en ligne, sur le site des impôts (impots.gouv.fr), via votre espace professionnel. Vous devez :
Point important : La TVA que vous collectez sur vos ventes n'est pas votre argent. C'est de l'argent que vous collectez pour le compte de l'État. Il faut l'isoler mentalement (et idéalement sur un compte bancaire séparé) pour ne pas avoir de mauvaise surprise au moment de la déclaration.
Oublier de déclarer la TVA : Les pénalités sont lourdes. Un retard de déclaration, c'est 10% de majoration de la TVA due. Un retard de paiement, c'est 5% de majoration + des intérêts de retard de 0,20% par mois.
Déduire de la TVA non déductible : Vous ne pouvez pas déduire la TVA sur tout. Les frais de carburant (essence, diesel) ne sont déductibles qu'à 80% pour les véhicules de tourisme. Les frais de restaurant et de réception ne sont pas déductibles. Les achats personnels non plus, évidemment.
Confondre TVA collectée et chiffre d'affaires : Votre CA, c'est le montant TTC encaissé. Mais la TVA dedans n'est pas à vous. Si vous faites 24 000 € de ventes TTC avec de la TVA à 20%, votre CA HT est de 20 000 € et vous devez reverser 4 000 € de TVA. Ce sont ces 20 000 € qui comptent pour votre activité, pas les 24 000.
C'est là que ça se complique. Dès que vous vendez à des clients dans d'autres pays de l'UE, les règles changent.
Depuis le 1er juillet 2021, un seuil unique s'applique pour toutes les ventes B2C (à des particuliers) dans l'Union européenne : 10 000 € de chiffre d'affaires annuel hors taxes.
En dessous de 10 000 € de ventes annuelles dans l'UE : Vous facturez la TVA française (20% ou le taux applicable en France) à tous vos clients européens, quelle que soit leur nationalité. Vous déclarez et payez cette TVA en France comme d'habitude.
Exemple : vous êtes en France, vous vendez 3 000 € à des clients allemands, 4 000 € à des clients belges, 2 000 € à des clients italiens. Total : 9 000 €. Vous restez sous le seuil, donc vous facturez 20% de TVA française partout et vous déclarez en France.
Au-dessus de 10 000 € de ventes annuelles dans l'UE : Dès que vous dépassez ce seuil, vous devez facturer la TVA du pays de destination de la marchandise. Si vous vendez à un client en Allemagne, vous facturez la TVA allemande (19%). Si vous vendez à un client en Espagne, vous facturez la TVA espagnole (21%).
Le passage se fait à la date de dépassement du seuil. Si vous franchissez les 10 000 € le 15 août, toutes les ventes à partir du 15 août doivent être facturées avec la TVA du pays de destination.
Avant 2021, si vous vendiez dans plusieurs pays européens au-dessus des seuils, vous deviez vous immatriculer à la TVA dans chaque pays, tenir une comptabilité séparée, déclarer et payer dans chaque pays. Un cauchemar administratif.
Aujourd'hui, le guichet unique OSS (One-Stop Shop) change tout. C'est une plateforme en ligne qui vous permet de :
Comment ça marche ?
C'est un gain de temps et de complexité énorme.
Exemple concret :
Vous êtes un e-commerçant français qui vend des accessoires de sport. En 2024, vous réalisez :
Total : 48 000 € de ventes dans l'UE, largement au-dessus des 10 000 €.
Vous devez :
Via OSS, vous déclarez ces 9 660 € de TVA collectée en un seul formulaire trimestriel, et l'administration française reverse la bonne somme à l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie.
Sans OSS, vous auriez dû vous immatriculer dans trois pays différents, tenir trois comptabilités séparées, faire trois déclarations et trois paiements. L'OSS est donc un vrai progrès.
Si vous vendez à des professionnels assujettis à la TVA dans l'UE (vente B2B), les règles sont différentes et plus simples.
Vous facturez HT (sans TVA) à votre client professionnel européen, à condition qu'il vous fournisse son numéro de TVA intracommunautaire valide. C'est lui qui devra s'auto-liquider la TVA dans son pays (mécanisme de l'autoliquidation).
Sur votre facture, vous mentionnez : "Autoliquidation de la TVA par le preneur, article 283-2 du CGI" et le numéro de TVA intracommunautaire de votre client.
Vous devez ensuite déclarer ces ventes B2B intracommunautaires sur une Déclaration d'Échanges de Biens (DEB) et une Déclaration Européenne de Services (DES) selon la nature de votre activité.
Si vous vendez à des clients hors de l'UE (États-Unis, Royaume-Uni depuis le Brexit, Suisse, Canada, etc.), vos ventes sont exonérées de TVA. Vous facturez HT.
Mais attention : cette exonération n'est valable que si vous pouvez prouver l'exportation. Il faut conserver les preuves d'expédition : bordereau de transport, preuve de livraison, documents douaniers.
Si vous ne pouvez pas prouver l'exportation, vous devrez payer la TVA française sur cette vente comme si elle avait eu lieu en France.
Si vous vendez via Amazon, Cdiscount, Rakuten ou toute autre marketplace, les règles ont changé en 2021.
Depuis le 1er janvier 2021, les plateformes e-commerce sont considérées comme "vendeur présumé" dans certains cas. Ça signifie qu'elles sont responsables de la collecte et du paiement de la TVA pour le compte de leurs vendeurs.
Concrètement, les marketplaces doivent :
Si un vendeur ne respecte pas ses obligations de TVA, la marketplace peut être tenue solidairement responsable. Autrement dit, elle devra payer la TVA à la place du vendeur défaillant.
Résultat : les plateformes sont devenues beaucoup plus vigilantes et exigent des justificatifs de TVA de leurs vendeurs.
Si vous vendez sur une marketplace en tant que vendeur européen établi en France :
Si vous vendez depuis un pays hors UE (par exemple en dropshipping depuis la Chine) :
Depuis 2024, la France (et d'autres pays européens) ont renforcé les contrôles sur les plateformes et leurs vendeurs. Les marketplaces doivent :
Si vous vendez sur une marketplace et que vous n'êtes pas en règle avec la TVA, vous risquez la suspension de votre compte vendeur. Amazon, Cdiscount et les autres ne plaisantent plus avec ça.
Si vous vendez des produits dématérialisés (logiciels, formations en ligne, abonnements SaaS, e-books, musique, jeux vidéo...), la TVA fonctionne un peu différemment.
Pour les services digitaux vendus en France, le taux normal de TVA est de 20%. Pas de taux réduit sauf exceptions très rares (certains contenus culturels ou éducatifs).
Pour les services digitaux vendus à des particuliers dans l'UE, la TVA s'applique immédiatement dans le pays du client, sans seuil de 10 000 €.
Si vous vendez une formation en ligne à 100 € HT à un client en Allemagne, vous devez facturer 19% de TVA allemande (19 €), pas la TVA française.
Pour gérer cette TVA, vous utilisez aussi le guichet OSS, mais une version spécifique pour les services : l'IOSS (Import One-Stop Shop) pour les ventes de biens importés de faible valeur, ou simplement l'OSS pour les services.
Si vous êtes un prestataire établi hors UE et que vous vendez des services digitaux à des clients européens, vous devez vous immatriculer au guichet OSS européen et collecter la TVA du pays de vos clients.
Depuis 2024, les contrôles se sont durcis. Les plateformes de paiement (Stripe, PayPal, etc.) peuvent être tenues de bloquer les paiements si vous n'êtes pas en règle avec la TVA européenne.
Si vous dépassez les 10 000 € de ventes dans l'UE et que vous ne vous inscrivez pas au guichet OSS rapidement, vous devrez quand même facturer la TVA du pays de destination, mais vous ne pourrez pas la déclarer facilement. Résultat : vous risquez d'être en infraction dans plusieurs pays en même temps.
L'inscription à OSS doit se faire avant de dépasser le seuil, ou au plus tard au moment du dépassement.
Le seuil de 10 000 € est calculé sur l'ensemble de vos ventes B2C dans l'UE hors France, en HT, sur l'année civile.
Exemple d'erreur : vous comptez vos ventes TTC au lieu de HT. Vous pensez être à 9 500 € alors que vous êtes en réalité à 7 900 € HT. Ou l'inverse, vous pensez être sous le seuil alors que vous l'avez dépassé.
Tenez un tableau de suivi précis de vos ventes européennes pour savoir en temps réel où vous en êtes.
Chaque pays a ses propres taux. L'Allemagne est à 19%, l'Espagne à 21%, l'Italie à 22%, la Hongrie à 27%. Et il existe aussi des taux réduits dans chaque pays selon les produits.
Si vous vendez des livres en Allemagne, le taux réduit est de 7%, pas 19%. Si vous appliquez le mauvais taux, vous risquez un redressement.
Pour éviter les erreurs, utilisez un outil de calcul automatique de TVA intégré à votre plateforme e-commerce (Shopify, WooCommerce, PrestaShop proposent des modules qui gèrent ça automatiquement).
L'administration peut contrôler votre TVA jusqu'à 3 ans en arrière (et même 6 ans en cas de fraude présumée). Vous devez conserver :
Sans justificatifs, vous ne pourrez pas prouver que vous avez correctement appliqué la TVA, et vous risquez un redressement même si vous étiez de bonne foi.
La TVA peut créer des problèmes de trésorerie si vous ne l'anticipez pas.
Vous collectez la TVA auprès de vos clients tous les jours. Mais vous ne la reversez qu'une fois par mois (régime réel normal) ou une fois par an avec deux acomptes (régime réel simplifié).
Pendant ce temps, cet argent dort sur votre compte. Attention : ce n'est pas votre argent. Il faut le provisionner.
La bonne pratique : Ouvrez un compte bancaire dédié (ou utilisez une enveloppe comptable virtuelle) et virez systématiquement 20% de vos encaissements dessus. Comme ça, au moment de payer la TVA, vous avez l'argent disponible.
Vous payez vos fournisseurs avec la TVA. Mais vous ne récupérez cette TVA qu'au moment de votre déclaration, donc avec un décalage.
Si vous achetez pour 10 000 € HT de stock en janvier (12 000 € TTC avec la TVA), vous déboursez 12 000 €. Mais vous ne récupérez les 2 000 € de TVA qu'en février (déclaration mensuelle) ou en fin d'année (déclaration annuelle).
Ce décalage peut créer des tensions de trésorerie, surtout si vous lancez votre activité ou si vous avez une forte saisonnalité.
Solution : Anticipez ce décalage dans votre prévisionnel de trésorerie. Prévoyez un matelas de sécurité pour absorber ce décalage.
Si vous achetez beaucoup de stock ou de matériel, vous pouvez avoir plus de TVA déductible que de TVA collectée. Vous êtes alors en crédit de TVA : l'État vous doit de l'argent.
Vous pouvez soit :
Le remboursement prend en général 2 à 3 mois. Pendant ce temps, c'est votre trésorerie qui avance l'argent.
La TVA en e-commerce, c'est technique. Entre les taux différents, les seuils, les règles européennes, les obligations déclaratives et les contrôles qui se multiplient, il est facile de faire des erreurs.
Un expert-comptable spécialisé en e-commerce vous apporte :
La sécurité juridique : Il connaît les règles, les exceptions, les pièges. Il vous dit exactement quel taux appliquer, quand déclarer, comment s'inscrire à OSS.
Le gain de temps : Vous vous concentrez sur votre business, pas sur les déclarations fiscales. Lui s'occupe de tout : calcul de la TVA, déclarations mensuelles ou annuelles, gestion des crédits de TVA, inscription aux guichets OSS/IOSS.
L'optimisation : Il identifie les possibilités de déduction que vous auriez manquées, il vérifie que vous ne payez pas trop de TVA, il vous conseille sur le bon moment pour passer au régime réel si vous êtes en micro.
La tranquillité en cas de contrôle : Si l'administration contrôle votre TVA, votre expert-comptable vous assiste, répond aux questions, fournit les justificatifs. Un dossier bien tenu et un comptable compétent, c'est souvent la différence entre un contrôle qui se passe bien et un redressement.
Le coût d'un expert-comptable pour un e-commerce de taille moyenne tourne autour de 1 500 à 3 500 € par an selon le volume d'activité et la complexité (ventes uniquement en France vs ventes dans toute l'Europe). C'est un investissement qui se rentabilise rapidement en évitant les erreurs coûteuses et en optimisant votre gestion.
La TVA en e-commerce, ce n'est pas une option. C'est une obligation légale dès que vous dépassez certains seuils, et les contrôles se multiplient, surtout pour les ventes en ligne où les flux sont facilement traçables.
Les règles se sont simplifiées avec le guichet OSS et le seuil unique de 10 000 € pour l'Europe, mais ça reste complexe. Les taux varient selon les produits et les pays, les déclarations doivent être faites à temps, les justificatifs doivent être conservés.
Ne prenez pas de risques avec la TVA. Les pénalités sont lourdes (10% de majoration + intérêts de retard), et un redressement fiscal peut mettre en difficulté une jeune entreprise.
La meilleure approche : anticipez, structurez votre gestion dès le départ, utilisez les bons outils (logiciels de comptabilité, modules de calcul automatique de TVA) et faites-vous accompagner par un expert-comptable qui connaît le e-commerce. Vous dormirez mieux, et vous pourrez vous concentrer sur ce qui compte vraiment : développer votre activité.