Fiscalité & structuration patrimoniale

Ouvrir son cabinet d’architecture

Devenez architecte à votre compte : diplôme, statut, business plan, immatriculation, assurances… Suivez les étapes clés pour ouvrir votre cabinet d’architecture.

Ouvrir son cabinet d’architecture

Introduction

Ouvrir son cabinet d’architecture, c’est transformer une vocation en entreprise.
Mais si le talent artistique et la maîtrise technique sont indispensables, ils ne suffisent pas. Créer un cabinet, c’est avant tout monter un projet entrepreneurial exigeant, encadré par des règles précises et un environnement administratif complexe.

Entre le diplôme, l’inscription à l’Ordre, le choix du statut juridique, les assurances obligatoires et la planification financière, chaque décision compte.
Une erreur de statut, un oubli dans le dossier d’immatriculation ou un prévisionnel mal calibré peuvent compromettre la rentabilité dès la première année.

C’est pourquoi l’appui d’un expert-comptable spécialisé dans les professions libérales réglementées n’est pas un luxe, mais une sécurité.
Son rôle : clarifier les étapes, éviter les erreurs de conformité et construire une structure financière solide dès le départ.

1. Diplôme et inscription à l’Ordre des Architectes

Une obligation légale avant toute activité

On ne s’improvise pas architecte en France.
Pour exercer sous ce titre, il faut être titulaire d’un diplôme reconnu par l’État (master délivré par une école nationale supérieure d’architecture) et avoir obtenu la HMONP — Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en Nom Propre.
C’est cette habilitation qui autorise à signer des projets en son nom et à créer son propre cabinet.

Une fois diplômé, l’inscription au tableau de l’Ordre des Architectes est obligatoire. Elle se fait auprès du Conseil régional compétent, selon la localisation du futur cabinet.

Le rôle de l’Ordre

L’Ordre des Architectes contrôle la légitimité de l’exercice et veille à la déontologie de la profession.
Lors de l’inscription, il faut fournir :

  • le diplôme d’architecte et la preuve de l’habilitation HMONP,

  • un justificatif d’assurance responsabilité civile professionnelle et décennale,

  • une déclaration d’activité précisant la structure juridique choisie (individuelle ou société).

L’Ordre vérifie la conformité du dossier avant d’autoriser l’exercice.
Aucun architecte ne peut signer de plans ou de contrats sans cette inscription.
C’est une étape obligatoire, souvent sous-estimée, mais essentielle pour démarrer en toute légalité.

Attention à la validation des statuts

Si vous créez une société d’architecture (SARL, SAS, SELARL, etc.), les statuts doivent être validés par l’Ordre avant l’immatriculation.
C’est une spécificité du métier : le greffe du tribunal refusera d’enregistrer la société sans cette validation.
L’expert-comptable veille à ce que les statuts soient conformes dès la rédaction, pour éviter tout blocage administratif.

Exemple concret

Un jeune architecte lyonnais souhaite ouvrir sa propre structure sous forme de SASU.
Avant de déposer ses statuts, il consulte l’Ordre qui refuse la version initiale : l’objet social n’était pas formulé conformément à la loi de 1977 sur l’architecture.
Résultat : un mois perdu, et des frais de modification.
Un accompagnement dès la conception du projet aurait permis d’éviter ce contretemps.

2. Choisir le bon statut juridique pour son cabinet

Le statut juridique d’un cabinet d’architecture n’est pas une simple formalité : il conditionne la fiscalité, la protection du patrimoine, la couverture sociale et la capacité de développement du cabinet.
Le bon choix dépend de la manière dont vous souhaitez exercer : seul, avec un associé, ou en vue de développer une structure plus importante.

Exercer en nom propre : simplicité mais risque personnel

L’Entreprise Individuelle (EI) ou l’EIRL sont des solutions adaptées pour un architecte qui débute seul, avec peu de frais et un volume d’activité limité.
Elles présentent l’avantage d’une mise en place rapide et de coûts réduits, mais avec une contrainte majeure : la responsabilité personnelle.

En EI, les dettes professionnelles peuvent être engagées sur le patrimoine du dirigeant (sauf pour la résidence principale, protégée par la loi).
L’EIRL, désormais intégrée à la nouvelle forme d’EI, permet de mieux séparer le patrimoine privé du professionnel, mais la protection reste partielle.

Ce statut est souvent choisi pour tester une activité en solo ou exercer à titre libéral, mais il montre vite ses limites dès que le chiffre d’affaires augmente ou qu’un collaborateur rejoint l’aventure.

Exercer en société : une structure plus protectrice et évolutive

Dès qu’un architecte souhaite embaucher, collaborer avec d’autres professionnels, ou accueillir des investisseurs, la création d’une société devient indispensable.
C’est là que des formes comme la SARL, EURL, SAS, SASU ou SELARL entrent en jeu.

SARL / EURL : la solution la plus répandue chez les architectes indépendants

La SARL (ou sa version unipersonnelle EURL) est le cadre le plus utilisé pour les cabinets d’architecture de petite ou moyenne taille.
Elle combine simplicité de fonctionnement et protection du patrimoine personnel. La responsabilité est limitée aux apports, ce qui signifie que votre patrimoine privé est protégé (sauf faute de gestion).

Côté fiscalité :

  • Vous pouvez être imposé à l’impôt sur le revenu (IR) ou opter pour l’impôt sur les sociétés (IS).

  • Le gérant majoritaire cotise au régime des indépendants, avec des charges sociales plus légères que dans une SAS.

C’est un format solide pour un architecte seul ou en duo, cherchant une structure claire, avec peu de formalisme et une fiscalité optimisable.
En revanche, la SARL est plus rigide : les décisions et la répartition du pouvoir entre associés sont encadrées par la loi, ce qui laisse moins de liberté que dans une SAS.

SAS / SASU : plus flexible, plus moderne

La SAS (ou SASU si vous êtes seul) séduit de plus en plus d’architectes.
Elle offre une souplesse statutaire très large : gouvernance libre, règles personnalisées, possibilité d’ouvrir le capital à des investisseurs ou de valoriser des apports en industrie (compétence, savoir-faire, notoriété).

Fiscalement, la SAS est soumise à l’impôt sur les sociétés (IS), mais l’architecte peut opter temporairement pour l’impôt sur le revenu (5 ans maximum).
Le président relève du régime général, comme un salarié, ce qui assure une meilleure couverture sociale, mais alourdit les charges.

C’est un format idéal pour un cabinet en développement, une structure pluridisciplinaire ou un projet collectif avec plusieurs associés.

SELARL et SCP : des statuts spécifiques aux professions libérales

Pour les cabinets d’architecture composés exclusivement d’architectes, la SELARL (Société d’Exercice Libéral à Responsabilité Limitée) ou la SCP (Société Civile Professionnelle) permettent d’exercer dans un cadre juridique adapté aux professions réglementées.

  • La SELARL reprend les règles de la SARL, mais encadre mieux la profession libérale. Elle est privilégiée pour les structures où plusieurs architectes s’associent tout en gardant une pratique individuelle.

  • La SCP, elle, mise sur la mutualisation : partage de moyens et de ressources, mais avec une responsabilité illimitée et solidaire entre associés.

Le rôle clé de l’expert-comptable

Le choix du statut ne se limite pas à une question juridique. Il impacte directement :

  • la fiscalité du cabinet,

  • la protection du patrimoine personnel,

  • le coût des cotisations sociales,

  • la stratégie de rémunération et de dividendes,

  • et les possibilités d’association ou de levée de fonds.

L’expert-comptable réalise des simulations concrètes selon vos prévisions de revenus, vos besoins de protection et vos ambitions de croissance.
C’est la seule façon de choisir un statut qui colle à la réalité économique de votre projet, pas à un modèle théorique.

3. Rédiger et valider les statuts du cabinet

Les statuts sont la charpente juridique de votre cabinet.
Ils fixent les règles de fonctionnement, la répartition du capital, les pouvoirs de décision, les modalités de rémunération et les conditions d’entrée ou de sortie d’associés.

Des statuts bien rédigés évitent des conflits futurs

Trop souvent, les architectes repreneurs rédigent leurs statuts seuls ou à partir de modèles standards trouvés en ligne.
Résultat : des clauses floues, des oublis sur la gouvernance, ou des erreurs sur l’objet social.
En architecture, c’est risqué : le libellé exact de l’objet social doit être conforme à la loi du 3 janvier 1977 sur l’architecture, faute de quoi l’Ordre refusera la validation.

Un expert-comptable, en lien avec un avocat si nécessaire, veille à :

  • la cohérence entre les statuts et la réalité du projet,

  • l’intégration de clauses adaptées (cession de parts, rémunération, pouvoir du dirigeant),

  • et la conformité du dossier à la validation de l’Ordre.

Validation par l’Ordre des Architectes : étape obligatoire

Avant toute immatriculation, les statuts doivent être transmis à l’Ordre pour validation.
L’objectif : vérifier que la société respecte les conditions légales et déontologiques d’exercice.
Sans cette validation, le greffe refusera le dépôt de création.

Cette étape, souvent méconnue, rallonge les délais administratifs.
Un accompagnement comptable et juridique dès le départ permet de gagner plusieurs semaines et d’éviter les allers-retours coûteux.

4. Élaborer un business plan et un prévisionnel financier solide

Pourquoi un business plan est indispensable

Ouvrir un cabinet d’architecture, c’est aussi convaincre : les banques, les assureurs, les futurs partenaires.
Le business plan est l’outil qui démontre la viabilité économique du projet.
Il doit traduire une vision claire, chiffrée et crédible : combien coûte le lancement, combien on compte générer, et à quel rythme.

Les éléments clés d’un business plan réussi

  1. L’étude de marché


    • Identifier la clientèle cible (particuliers, promoteurs, collectivités).

    • Évaluer la concurrence dans la zone géographique.

    • Analyser les tarifs moyens pratiqués et les volumes d’affaires potentiels.

  2. Le plan d’investissement initial


    • Achat de matériel informatique, logiciels professionnels (AutoCAD, Revit, SketchUp, etc.), mobilier et aménagement du local.

    • Coûts de communication (site web, graphisme, identité visuelle).

    • Frais d’inscription, juridiques, et honoraires comptables.
      Montant moyen : entre 15 000 et 25 000 € pour un cabinet individuel.

  3. Les charges mensuelles


    • Loyer ou coworking : 800 à 1 500 €.

    • Assurances : 300 à 600 €.

    • Abonnements et licences logicielles : 200 à 400 €.

    • Téléphone, énergie, internet, maintenance informatique : environ 200 €.

    • Rémunération du dirigeant et cotisations sociales : selon le statut.

  4. Le prévisionnel de chiffre d’affaires


    • Un cabinet individuel débute souvent avec 60 000 à 100 000 € de CA annuel, avec montée progressive sur 3 ans.

    • Un prévisionnel réaliste prend en compte le délai entre la signature d’un contrat et l’encaissement final (30 à 90 jours).

  5. Le plan de financement


    • Apport personnel recommandé : 20 à 30 % du total du projet.

    • Financement bancaire pour le reste (équipements, trésorerie).

    • Prévoir une trésorerie de sécurité équivalente à 3 à 6 mois de charges.

L’appui concret de l’expert-comptable

L’expert-comptable ne se limite pas à “faire un prévisionnel”.
Il structure le dossier, teste la rentabilité, identifie les marges de manœuvre et prépare les documents nécessaires au banquier.
C’est lui qui vous dira si votre projet tient la route financièrement — avant même de signer un bail ou un contrat de prêt.

5. Procédure administrative de création

Créer un cabinet d’architecture, c’est avant tout une succession de démarches administratives précises.
Chaque étape compte, et le moindre oubli peut retarder l’immatriculation de plusieurs semaines.

Étapes clés à suivre

  1. Rédiger les statuts et obtenir la validation de l’Ordre des Architectes.
    Sans cette validation, impossible de poursuivre les formalités auprès du greffe.

  2. Publier un avis de constitution dans un Journal d’Annonces Légales (JAL).
    Cette publication rend la création officielle et annonce publiquement la naissance de la société.

  3. Constituer le dossier de création sur le Guichet unique de l’INPI :


    • statuts signés et validés,

    • justificatif d’adresse professionnelle,

    • attestation d’assurance,

    • justificatif d’inscription à l’Ordre,

    • déclaration des bénéficiaires effectifs (propriétaires réels des parts).

  4. Obtenir l’extrait Kbis.
    Ce document est la carte d’identité de votre société. Il confirme l’existence légale du cabinet et permet d’ouvrir un compte bancaire professionnel, de facturer et de signer des contrats.

Le rôle de l’expert-comptable

L’expert-comptable vérifie la cohérence du dossier avant dépôt : conformité des statuts, choix du régime fiscal, et complétude administrative.
Son intervention évite les rejets du guichet unique, aujourd’hui très fréquents pour des raisons de forme (erreurs sur le capital, objet social incomplet, absence d’assurance jointe…).

6. Les assurances obligatoires du cabinet d’architecture

Avant de signer le moindre contrat, un architecte doit être assuré. C’est une obligation légale et une question de survie économique.

Responsabilité Civile Professionnelle (RCP)

Elle couvre les dommages causés à un client ou à un tiers dans le cadre de l’activité (erreur dans une étude, retard de livraison, litige contractuel…).
Aucune mission ne peut être exercée sans cette couverture.
Coût annuel moyen : entre 500 et 1 500 €, selon la taille du cabinet et le niveau de risque.

Assurance Décennale

Obligatoire pour tout acte de conception ou de maîtrise d’œuvre.
Elle couvre les dommages structurels pouvant compromettre la solidité de l’ouvrage pendant dix ans après la réception du chantier.
Sans cette assurance, l’architecte ne peut légalement signer de contrat avec un maître d’ouvrage.
Coût annuel : environ 1,5 à 2 % du chiffre d’affaires déclaré.

Pourquoi l’expert-comptable est concerné

Ces assurances doivent être intégrées dans le prévisionnel financier.
Elles ont un poids significatif dans les charges fixes et doivent être planifiées dès le business plan.
Un cabinet sous-assuré ou mal assuré prend un risque juridique majeur — et l’expert-comptable s’assure que tout soit anticipé dans les comptes.

7. Simulation des besoins de trésorerie au démarrage

Avant même la première mission, il faut savoir combien coûte de tenir jusqu’aux premiers honoraires encaissés.
C’est l’erreur classique des jeunes architectes : sous-estimer la période de lancement.

Comment calculer ses besoins de trésorerie

  1. Lister les investissements de départ : mobilier, ordinateurs, logiciels de CAO/DAO, site internet, identité visuelle, aménagement du local.
    → En moyenne : 15 000 à 25 000 €.

  2. Prévoir les charges fixes mensuelles : loyer, abonnements, énergie, assurances, cotisations sociales, frais comptables, communication.
    → Environ 2 500 à 3 000 € / mois pour un cabinet individuel.

  3. Estimer les délais de facturation et d’encaissement.
    Les premiers contrats signés peuvent être payés à 30, 60 ou 90 jours.
    Il faut donc disposer d’un matelas de trésorerie équivalent à 3 à 6 mois de charges.

  4. Prévoir une marge d’imprévus.
    Retards de paiement, dépenses non prévues, frais de concours…
    Mieux vaut ajouter une réserve de 10 à 15 % au budget initial.

Exemple concret

Un architecte lance son cabinet à Lyon :

  • investissements : 20 000 €,

  • charges mensuelles : 2 800 €,

  • trésorerie de sécurité : 15 000 €.

Besoin global de financement : environ 50 000 €.
C’est le montant à sécuriser avant de démarrer pour éviter toute tension de trésorerie dans les six premiers mois.

L’expert-comptable modélise ces flux dans un plan de trésorerie mensuel, identifiant les mois “creux” et les besoins en fonds de roulement.
C’est ce travail qui permet d’obtenir un financement bancaire cohérent et réaliste.

8. Comptabilité, obligations sociales et pilotage du cabinet

Une fois le cabinet créé, la gestion devient le nerf de la guerre.
Un architecte gère à la fois des missions longues, des décalages de trésorerie et des obligations réglementaires lourdes.
La mise en place d’une comptabilité rigoureuse dès le départ est donc indispensable.

Mettre en place les bons outils

L’expert-comptable vous aide à :

  • choisir un logiciel compatible avec votre mode d’exercice (facturation à l’avancement, gestion des honoraires, suivi de mission),

  • mettre en place des tableaux de bord mensuels : suivi de la marge, des honoraires par projet, du cash disponible,

  • anticiper la TVA, les cotisations sociales, et les impôts.

Gestion sociale et fiscalité

Dès l’embauche d’un salarié (assistant, stagiaire, collaborateur), il faut déclarer l’établissement, rédiger les contrats et gérer les paies.
Le cabinet doit aussi respecter les obligations liées à la convention collective des architectes et économistes de la construction.
L’expert-comptable prend en charge ces démarches et sécurise la conformité sociale.

Pilotage financier

Un cabinet d’architecture n’est pas un commerce : les cycles de facturation sont longs, les honoraires parfois fractionnés.

Sans pilotage régulier, la trésorerie peut rapidement se déséquilibrer.
Un suivi mensuel avec votre expert-comptable permet d’anticiper les difficultés, d’ajuster les coûts et d’optimiser les marges.

C’est la différence entre un cabinet qui subit et un cabinet qui se construit.

Conclusion

Ouvrir un cabinet d’architecture, c’est un projet d’entreprise à part entière, qui exige autant de rigueur que de créativité.

La maîtrise des plans doit s’accompagner d’une maîtrise des chiffres, des statuts et des règles propres à la profession.

En 2025, le métier évolue : concurrence accrue, exigences réglementaires renforcées, nouvelles pratiques numériques.Pour un architecte, s’entourer d’un expert-comptable dès la conception du projet, c’est construire sur des bases solides — juridiques, financières et stratégiques.Chez HR Associés, nous accompagnons les architectes non seulement dans leurs chiffres, mais dans leurs choix : statut, rentabilité, pilotage.

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