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Ouvrir une agence immobilière : carte professionnelle, statut juridique, assurances obligatoires, business plan et financement. Le guide complet pour créer votre agence sans faux pas.

Ouvrir une agence immobilière, ça fait rêver. Être son propre patron, choisir ses clients, encaisser de belles commissions sur chaque transaction. Sur le papier, c'est séduisant.
Dans la vraie vie, c'est un projet entrepreneurial exigeant, soumis à une réglementation stricte, avec des obligations légales lourdes et des investissements de départ non négligeables.
Entre la carte professionnelle obligatoire, les assurances à souscrire, le choix du statut juridique, le business plan à construire et les premiers mois sans commission, il y a de quoi se perdre. Et de quoi perdre de l'argent si on ne prépare pas bien.
Voici tout ce qu'il faut savoir pour ouvrir une agence immobilière en évitant les erreurs classiques qui coûtent cher.
Agent immobilier, ce n'est pas juste faire visiter des appartements et encaisser des commissions. C'est un métier commercial intense, avec une pression permanente sur les résultats et des journées qui dépassent facilement les 50 heures par semaine.
Les qualités indispensables :
Si vous pensez que l'immobilier c'est tranquille et prévisible, changez de projet.
Toutes les agences immobilières ne se ressemblent pas. Il faut choisir votre positionnement dès le départ.
L'agence de transaction classique : Vous achetez et vendez des biens. C'est le modèle le plus courant. Vous vivez de commissions sur les ventes (3 à 8% du prix de vente selon le marché). Le problème : vous ne gagnez rien tant que vous ne vendez pas. Les premiers mois peuvent être très tendus financièrement.
L'agence de location : Vous gérez des locations (particuliers ou entreprises). Commissions plus faibles (un mois de loyer hors charges en général) mais volume plus important et revenus plus réguliers.
La gestion locative : Vous gérez le patrimoine locatif de propriétaires. Commissions récurrentes (environ 7 à 10% des loyers HT) qui créent un revenu stable et prévisible. C'est le modèle le plus intéressant pour sécuriser votre trésorerie.
Le syndic de copropriété : Gestion administrative et financière d'immeubles. Revenus récurrents mais réglementation ultra-lourde et responsabilité importante. À réserver aux agences déjà installées.
Vous pouvez combiner plusieurs activités, mais au démarrage, mieux vaut se concentrer sur une ou deux pour ne pas vous disperser.
L'agence indépendante : Liberté totale, 100% des commissions pour vous, mais aussi 100% des galères. Vous devez tout construire : notoriété, process, outils, communication. C'est le parcours du combattant, mais c'est aussi le plus rentable à terme si vous tenez la distance.
La franchise : Vous payez un droit d'entrée (de 15 000 à 50 000 € selon les réseaux) et des redevances mensuelles (5 à 10% du CA), mais vous bénéficiez de la notoriété du réseau, de la formation, des outils, du support marketing. C'est rassurant pour démarrer, mais ça coûte cher et vous n'êtes pas totalement libre.
Le réseau d'agents mandataires : Vous devenez mandataire indépendant rattaché à un réseau. Pas besoin de locaux, pas de carte professionnelle à obtenir (vous travaillez sous la carte du réseau), investissement minimal. En contrepartie, vous reversez une partie importante de vos commissions au réseau (30 à 50%).
Il n'y a pas de bon ou mauvais choix. Tout dépend de votre expérience, de votre réseau personnel, de votre capacité d'investissement et de votre appétence pour le risque.
Vous ne pouvez pas exercer le métier d'agent immobilier sans carte professionnelle. C'est la loi Hoguet de 1970 qui l'impose. Pas de carte = exercice illégal = sanctions pénales.
La carte professionnelle (appelée "carte T" pour Transaction) est délivrée par la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de votre département. Pour l'obtenir, vous devez remplir toutes ces conditions cumulatives :
1. Justifier d'une aptitude professionnelle
Soit par un diplôme :
Soit par l'expérience professionnelle :
L'expérience doit être prouvée par des contrats de travail, des bulletins de salaire, des attestations d'employeurs. Si vous avez travaillé au noir ou en freelance sans structure, vous ne pouvez pas le prouver, donc vous ne pouvez pas obtenir la carte.
2. Être immatriculé au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS)
Vous devez avoir créé votre entreprise avant de demander la carte. Mais vous ne pouvez pas exercer avant d'avoir la carte. C'est l'œuf et la poule. En pratique, vous créez d'abord votre structure juridique, puis vous demandez la carte, et vous ne commencez à travailler qu'une fois que vous l'avez reçue (comptez 2 à 3 mois de délai).
3. Avoir un casier judiciaire vierge
Toute condamnation pour fraude, escroquerie, abus de confiance, faillite personnelle, banqueroute ou infractions financières vous interdit l'accès à la profession. La CCI vérifie votre casier judiciaire (bulletin n°2).
4. Souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle
L'assurance RCP est obligatoire avant même de demander la carte. Elle couvre les erreurs, omissions, manquements au devoir de conseil que vous pourriez commettre dans l'exercice de votre activité. Coût : entre 800 et 2 000 € par an selon votre chiffre d'affaires prévisionnel.
5. Justifier d'une garantie financière
Si vous détenez des fonds pour le compte de vos clients (dépôts de garantie, arrhes, loyers), vous devez souscrire une garantie financière auprès d'un organisme agréé (banque ou assurance). Montant minimum : 30 000 € les deux premières années, puis 110 000 € à partir de la troisième année.
Cette garantie protège vos clients en cas de défaillance de votre part. Si vous faites faillite avec 50 000 € de dépôts de garantie sur votre compte, la garantie rembourse vos clients.
La carte professionnelle est valable 3 ans. Pour la renouveler, vous devez justifier d'une formation continue de 14 heures par an (42 heures sur 3 ans) dans un organisme agréé.
Cette formation porte sur l'actualité juridique, réglementaire et déontologique du secteur. Si vous ne la faites pas, votre carte n'est pas renouvelée et vous ne pouvez plus exercer.
Coût de la formation : environ 300 à 500 € par an.
Le statut juridique d'une agence immobilière conditionne votre fiscalité, votre protection patrimoniale, vos charges sociales et votre capacité à vous développer.
Désolé de casser le mythe, mais vous ne pouvez pas ouvrir une agence immobilière en micro-entrepreneur. La loi l'interdit. Pour obtenir la carte professionnelle, vous devez être immatriculé au RCS, ce qui exclut le régime micro.
Si quelqu'un vous dit qu'il est agent immobilier auto-entrepreneur, soit il ment, soit il est mandataire rattaché à une agence (et dans ce cas c'est l'agence qui a la carte, pas lui).
Si vous voulez démarrer seul sans créer de société, l'Entreprise Individuelle peut convenir.
Avantages :
Inconvénients :
Régime fiscal et social :
L'EI convient si vous démarrez petit, seul, avec peu de moyens, et que vous voulez tester le marché avant de passer en société.
L'EURL, c'est une SARL à un seul associé. C'est le statut le plus courant pour les agents immobiliers indépendants.
Avantages :
Inconvénients :
Régime fiscal et social :
C'est le choix le plus équilibré pour un agent immobilier qui se lance seul et qui vise une activité pérenne.
La SASU (SAS unipersonnelle) offre plus de souplesse statutaire et une meilleure couverture sociale que l'EURL.
Avantages :
Inconvénients :
Régime fiscal et social :
La SASU convient si vous visez une croissance rapide, si vous voulez une protection sociale maximale, ou si vous envisagez de lever des fonds ou de vous associer rapidement.
Si vous créez votre agence à plusieurs, la SARL est le format classique.
Avantages :
Inconvénients :
C'est le statut idéal pour une agence créée à 2 ou 3 associés qui veulent une structure solide et claire.
Pour un agent immobilier qui démarre seul : EURL. C'est le meilleur compromis entre protection, charges et simplicité.
Pour un projet ambitieux avec vision de croissance rapide : SASU.
Pour une création à plusieurs : SARL.
Dans tous les cas, faites-vous accompagner par un expert-comptable pour simuler votre situation fiscale et sociale avant de choisir. Le bon statut, c'est celui qui correspond à votre réalité économique, pas à un modèle théorique.
En immobilier, les assurances ne sont pas une option. Ce sont des obligations légales. Et elles vous sauvent la mise quand ça tourne mal.
Elle couvre les dommages que vous pourriez causer à vos clients dans l'exercice de votre activité :
Exemple concret : vous vendez un appartement en oubliant de mentionner une servitude de passage qui grève le bien. L'acquéreur découvre le problème après la vente et vous attaque en justice. Sans RCP, vous payez les dommages et intérêts de votre poche. Avec la RCP, c'est l'assurance qui prend en charge.
Coût : entre 800 et 2 000 € par an selon votre CA prévisionnel et vos activités.
Ne choisissez pas le moins cher. Vérifiez les plafonds de garantie (minimum 500 000 € par sinistre, idéalement 1 million) et les exclusions.
Si vous encaissez des fonds pour le compte de tiers (dépôts de garantie, arrhes, loyers), vous devez obligatoirement ouvrir un compte séquestre et souscrire une garantie financière.
Le compte séquestre, c'est un compte bancaire dédié exclusivement aux fonds de vos clients. Vous ne pouvez pas mélanger cet argent avec votre trésorerie d'exploitation.
La garantie financière, c'est une assurance qui rembourse vos clients si vous faites n'importe quoi avec leur argent (détournement, faillite, liquidation judiciaire).
Montant minimum obligatoire :
En pratique, le montant de la garantie doit toujours être au moins égal au montant des fonds que vous détenez. Si vous avez 80 000 € de dépôts de garantie sur votre compte séquestre, votre garantie doit être de 120 000 € minimum.
Coût : environ 300 à 800 € par an selon le montant garanti.
Certains agents immobiliers débutants pensent économiser en ne souscrivant que le minimum légal. Erreur. Si un sinistre arrive et que votre assurance ne couvre pas tout, c'est votre patrimoine personnel qui trinque.
Prenez des garanties solides dès le départ. C'est un investissement, pas une dépense.
Un business plan, ce n'est pas un exercice théorique pour faire plaisir à la banque. C'est votre outil de pilotage pour les 3 premières années. Sans business plan, vous naviguez à vue. Et en immobilier, naviguer à vue, c'est couler.
Avant de vous installer, vous devez connaître votre marché sur le bout des doigts.
Analyser la zone géographique :
Étudier la concurrence :
Si vous vous installez sur un marché saturé avec 15 agences pour 200 transactions par an, vous allez souffrir. Si vous identifiez une niche (immobilier de prestige, biens atypiques, clientèle étrangère) mal couverte, vous avez un levier.
Exemple concret : Un agent s'installe à Annecy. Il constate que toutes les agences locales ciblent la clientèle locale et que personne ne parle anglais. Il décide de se positionner sur la clientèle internationale (Suisses, Anglais) avec un site bilingue et un réseau de partenaires à Genève. Résultat : 40% de son CA vient de cette clientèle dès la première année.
Le prévisionnel, c'est la partie chiffrée de votre business plan. Il doit être réaliste, pas optimiste.
Les investissements de départ :
Total : entre 20 000 et 50 000 € selon votre ambition et votre marché.
Les charges mensuelles récurrentes :
Total mensuel : entre 2 500 et 5 000 € avant de vous rémunérer.
Le chiffre d'affaires prévisionnel :
Soyez réaliste. Une agence immobilière débutante ne fait pas 500 000 € de CA la première année.
Un agent immobilier indépendant qui démarre peut espérer :
Ces chiffres supposent que vous faites entre 10 et 20 transactions par an avec une commission moyenne de 5 000 à 8 000 € par transaction.
Si vous n'avez pas de réseau, si vous démarrez sur un marché concurrentiel, si vous ne faites pas de marketing, divisez ces chiffres par deux.
Le seuil de rentabilité :
À partir de quel CA vous commencez à gagner de l'argent ?
Si vos charges fixes sont de 3 500 € par mois (42 000 € par an), et que votre taux de marge brute est de 70% (vous gardez 70% de vos commissions après les frais variables), votre seuil de rentabilité est de 60 000 € de CA.
En dessous, vous perdez de l'argent. Au-dessus, vous commencez à dégager un bénéfice.
La trésorerie : le nerf de la guerre
Le problème en immobilier, c'est le décalage entre vos dépenses et vos encaissements.
Vous payez vos charges tous les mois. Mais vous n'encaissez vos commissions que lorsque les ventes se signent chez le notaire. Entre la prise de mandat, la mise en vente, la visite, l'offre, l'accord, le compromis et la signature définitive, il peut se passer 3 à 6 mois.
Résultat : vous pouvez avoir 5 ventes en cours et zéro euro sur votre compte.
Il faut donc prévoir un matelas de trésorerie équivalent à 6 mois de charges avant de démarrer. Sur la base de 3 500 € de charges mensuelles, ça fait 21 000 €.
Si vous n'avez pas cette trésorerie, vous serez en difficulté dès le 3e ou 4e mois.
Pour financer votre projet, vous avez plusieurs options.
C'est la base. Les banques demandent généralement un apport personnel de 30 à 40% du montant total du projet.
Si vous avez besoin de 50 000 €, prévoyez 15 000 à 20 000 € d'apport.
Cet apport peut venir de votre épargne personnelle, d'un prêt familial (love money), ou d'un prêt d'honneur (Réseau Entreprendre, Initiative France).
Avec un business plan solide, un apport correct et un profil rassurant, vous pouvez obtenir un prêt professionnel pour financer le reste.
Taux actuel : entre 3,5% et 5% selon votre profil et les garanties apportées.
Durée : 3 à 7 ans.
Les banques sont plus frileuses avec les agents immobiliers débutants (activité volatile, pas de garantie sur les commissions futures). Il faut un dossier béton.
Vous pouvez bénéficier de :
Ces aides ne couvrent pas tout, mais elles soulagent la trésorerie.
Beaucoup d'agents immobiliers débutants calculent leur rentabilité sur la base de leurs commissions, sans intégrer toutes les charges. Résultat : ils pensent gagner 80 000 € par an, mais il leur en reste 30 000 après charges et impôts.
Faites le calcul complet avant de vous lancer.
Démarrer avec zéro trésorerie, c'est se condamner à la faillite dans les 6 mois. Il faut absolument avoir un matelas de sécurité pour tenir les premiers mois sans commission.
Un local mal placé (pas de visibilité, pas de passage, quartier peu attractif) vous condamne à investir massivement en marketing pour compenser. Un bon emplacement, c'est 50% du succès.
La réglementation immobilière change en permanence (loi Climat et Résilience, DPE, diagnostics techniques, bail meublé, location saisonnière...). Si vous ne vous formez pas, vous prenez des risques juridiques énormes.
Gérer une agence immobilière sans expert-comptable, c'est jongler avec 10 balles en même temps. Entre les déclarations fiscales, les charges sociales, la TVA, les optimisations possibles et la gestion de trésorerie, vous allez vite être dépassé.
Un expert-comptable spécialisé dans l'immobilier vous fait gagner du temps, de l'argent et de la sérénité.
Ouvrir une agence immobilière, c'est un vrai projet entrepreneurial. Ça demande de la préparation, de l'investissement, de la rigueur et de la patience.
Les clés du succès :
Ne vous lancez pas sur un coup de tête. Prenez le temps de préparer, de chiffrer, d'anticiper. Une agence bien préparée a toutes les chances de réussir. Une agence improvisée a toutes les chances de couler.
Chez HR Associés, on accompagne les agents immobiliers de la création à la croissance : choix du statut, montage du business plan, optimisation fiscale, pilotage de la trésorerie. Pas pour faire de la compta, mais pour vous aider à construire une agence qui tient la route.